Après les ouvrages comme celui de Robert Paxton, Philippe Pétain et l'Etat Français sis à Vichy sont bien connus, avec les dérives collaborationnistes et sa persécution des Juifs dès octobre 1940, Jean-Claude Streicher aborde un thème peu connu: les relations des Alsaciens (et des Mosellans) avec Vichy. La Direction des Réfugiés compte en 1943 142 500 Alsaciens et Lorrains réfugiés en zone sud (ex zone non occupée) et 25 000 dans la zone nord. Sans compter les 50-60 000 évacués alsaciens et 90 000 expulsés mosellans, soit près 360 000 personnes. En plus, des seize députés et sénateurs qui ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, dix sont restés en zone libre, la "nono".
Tous ces Alsaciens et Mosellans avaient des intérêts matériels et moraux à défendre en espérant que leurs régions seraient bientôt libérées des nazis. Le livre présente leurs réseaux d'influence et ceux qui en faisaient partie. L'auteur étudie le cas de 37 personnes allant de Charles Altorfer et Charles Bareis jusqu'à Louise Weiss en passant par Marc Bloch, Charles Frey, Robert Heitz, Hansi, René Hirschler, Chanoine Muller, Pierre Pflimlin, Joseph Rossé, Mgr Ruch, Isaïe Schwartz.
Certains étaient ‘Action Françaises et Camelots du Roi’, Engagés volontaires de 1914-18 dans l'armée française, Cagoulards, régionalistes/autonomistes, Alsaciens de religion juive essayant de sauver leurs coreligionnaires.
Ces Alsaciens qui ont infiltré Vichy (avec l’histoire de cette photographie). Jean-Claude Streicher. Ed. Jo Do Bentzinger. 2018. 250 p. 24 € 9782849606605