Marie Hart (1856-1924) nous raconte le quotidien dans sa petite ville Dachswiller (en fait Bouxwiller) à la fin de la 1ère guerre mondiale. Elle jette un regard acéré sur le comportement de ses compatriotes quand l'Alsace redevient française : retournements de vestes, dénonciations, règlements de compte. Elle nous narre par le menu le pouvoir français qui s'installe : instauration des commissions de triage à partir de cartes d'identité sélectives menant à une épuration ethnique. Pas moins de 150 000 personnes sont expulsées Outre-Rhin : Allemands résidents ou nés en Alsace, familles germano-alsaciennes (22% de couples mixtes en 1918) et Alsaciens germanophiles, qualifiés au passage de "pangermanistes". Les fonctionnaires allemands et alsaciens sont remplacés par des Français... On est bien loin de la légende officielle de la province perdue qui n'aspirait qu'à redevenir française et qui avait accueilli les « poilus » en libérateurs.
Marie Hart a épousé en 1882 un ex-officier allemand. Romancière et poète, son oeuvre majeure est, sans conteste,"Nos années françaises" parue en 1921, écrit en alsacien. En 1918, elle est contrainte de s'exiler en Allemagne avec sa fille pour rejoindre son mari.